L’avenir énergétique du Québec doit-il passer par le gaz de schiste?

C’est un peu la question que pose indirectement le titre d’une table ronde organisée par le magazine L’Actualité et la chaîne de télévision CPAC, qui aura lieu dans exactement deux semaines, le mercredi 15 septembre à 19h. La population est d’ailleurs invitée à assister au débat. Il faut s’y inscrire préalablement, chose que j’ai déjà faite, au site Internet suivant: https://www.inm.qc.ca/index.php?Itemid=513. Le titre exact de la soirée est: Avenir énergétique: peut-on vivre sans pétrole? Bien entendu, on parlera d’exploiter d’autres ressources, et le gaz de schiste est l’une d’entre elles. Des grosses pointures des domaines politiques et environnementaux seront présents pour faire part de leurs idées et opinions, comme Steven Guilbeault, Jean-François Lisée et André Caillé.

Le gaz de schiste est sur le point de causer une petite commotion au Québec. Devrait-on l’exploiter ou non? Il s’agit d’un sujet de plus en plus chaud et qui serait en front page des journaux si la commission Bastarache n’était pas commencée et s’il n’y avait pas 33 mineurs coincés dans une mine au Chili. Pour ceux qui ignorent totalement ce que le gaz de schiste mange en hiver, sachez qu’il s’agit d’un gaz naturel coincé dans de la roche, le schiste (photo), à travers des fissurations et très profondément sous terre. Comme pour les autres gaz naturels, il est formé par la dégradation du kérogène dans la roche, qui sert à la fois de source et de réservoir pour le gaz. Le kérogène est très présent dans le gaz de schiste, et par traitement thermique, on peut en extraire une huile qui a toutes les apparences et particularités du pétrole. Là où ça devient plus complexe, c’est que contrairement au gaz naturel conventionnel, la présence de ce gaz est concentré en petites quantités dispersées dans une grande quantité de schiste, et non pas en un seul grand « réservoir » compact d’une zone rocheuse. L’exploitation du gaz de schiste est donc beaucoup plus complexe que pour les autres formes de gaz naturels. Mais les technologies se sont développées, de sorte que le gaz est plus accessible qu’avant, et il s’adonne qu’il y a une bonne concentration de ce gaz dans trois régions du Québec, et c’est pour ça qu’il fait l’actualité. Ces régions sont Bécancour, St-Hyacinthe et St-Édouard-de-Lotbinière.

Et on s’enflamme maintenant sur ce que l’on doit faire avec cette possible mine d’or, selon certains, ou bombe atomique, pour les autres. Les environnementalistes manifestent pour qu’on le laisse sous terre parce qu’il est possiblement néfaste pour l’environnement, alors que d’autres, qui ont de grandes ambitions sur le potentiel économique du gaz de schiste, réclament qu’on l’exploite et le développe à des fins scientifiques et économiques. Actuellement, le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) enquête sur les réels dangers environnementaux que peuvent provoquer ce gaz. Des organismes environnementaux et des grosses têtes de l’industrie pétrolière et énergétique offrent leur collaboration afin de permettre au BAPE d’avoir une idée claire. De leur côté, les maires des trois villes concernées appuient le projet d’exploitation, d’abord parce qu’ils trouvent que c’est une belle avenue pour l’économie québécoise et aussi, parce que ça pourrait créer de l’emploi dans leurs municipalités et y emmener de nouveaux résidents.

Le problème avec ces audiences, c’est que le gaz de schiste n’a pas encore été réellement exploité ailleurs et qu’il est difficile d’en juger précisément les effets sur l’environnement. Mais selon ce que j’estime, c’est que si le produit s’apparente au pétrole, il risque d’être néfaste pour l’environnement, c’est évident. Je comprends que le pétrole est une ressource épuisable et qu’il faut trouver rapidement des solutions de rechange, mais ne devrait-on pas utiliser nos recherches et nos technologies pour développer des ressources énergétiques vertes et saines pour l’environnement? Cela fait des années qu’on en parle, il serait temps de s’y mettre pour de vrai. Alors, peut-on vivre sans pétrole? Le gaz de schiste pourrait faire du Québec une province riche et prospère, peut-être à l’image de l’Alberta. Mais à quel prix?

On en rediscutera dans deux semaines, après la table ronde sur le sujet. D’ici là, n’hésitez pas à formuler vos commentaires.

Une réponse à “L’avenir énergétique du Québec doit-il passer par le gaz de schiste?

  1. camuqam, les gaz de schistes ont un certain historique et il n’est pas glorieux.
    Si vous faites une recherche sur internet et cherchez « Gaz de schistes Pennsylvanie », vous verrez plusieurs catastrophes humaines et environnementales référencées:
    Les compagnies ne se gênent pas pour exproprier littéralement des citoyens, les indemnisations sont très minimes, ils polluent les puits de surface et les nappes phréatiques (à certains endroits, l’eau potable s’est enflammée au contacte du feu), ils ne paient pas leurs redevances, et presque pas d’impôts, sans compter qu’il s’agit d’une industrie qui ne génère pas un grand nombre d’emplois.

    Si on transpose cette situation au Québec, où nos gouvernement sont complices et acoquinés avec les grandes industries privées, on peut s’attendre à un sort semblable sinon pire. Nul besoins de vous rappeler les désastres des compagnies minières dans le nord, où elles ont laissés des territoires immenses désertiques et invivable pour toute fourme de vie, à l’image des sables bitumineux de l’Alberta. Ces compagnies n’ont aucun respect pour l’homme et la nature et il est faux de prétendre que cela profitera aux québécois.

    Tant que les choses iront bien, elles créeront quelques emplois et apporteront certains bénéfices aux localités qui optent pour cette forme d’industrie. Pendant ce temps, elles investiront dans toute sorte d’infrastructures, de programmes, de fondations et d’événements promotionnels pour redorer leur image et être certain de ne pas payer d’impôts (car toutes ces « nobles causes » sont déductibles d’impôts, voyons!). Une fois que les choses se corseront (e.i. désastre naturel et autre), ou que les profits deviendront moindres, ils ne se gêneront pas pour quitter notre territoire, nous laissant pâtir les dommages humains et environnementaux qu’ils auront engendré. L’Histoire regorge d’exemple, anciens et récents de ce type.

    Les gaz de schistes sont une forme de gaz naturels. L’extraction des gaz naturels se fait normalement sans danger, par contre, avec les gaz de schistes, les risques d’émissions fugitives du méthane et le risque de fuites de sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz explosif et toxique, potentiellement très dangereux pour la santé humaine et animale sont plus élevés. Nul besoins de vous rappeler également que le méthane est un acteur du réchauffement climatique. De plus, pour procéder à l’extraction, une grande quantité d’eau est requise. Pour fissurer les roches de gaz de schistes, on utilise un dangereux mélange d’eau, de sable et de différents produits chimiques, de solvants, qu’il faudra traiter par la suite. Cela implique un immense territoire pour les eaux contaminées et probablement plusieurs camions citernes. Sans parler du bruit constant; si vous avez peur des éoliennes…

    Certains pensent pouvoir « bien encadrer » le développement du gaz de schiste. On ne pas être contre la vertu. Mais si par le passé on n’a pas pu forcer les compagnies à payer leurs cotisation d’indemnité en cas de désastre naturel et si on n’a pas pu les empêcher d’investir dans les paradis fiscaux et de nous laisser dans le pétrin au moindre soucis, comment peut-on être certain que nous ne nous ferons pas avoir encore cette fois-ci? Le développement d’une industrie comme celle-la ne bénéficie pas forcément à l’ensemble des québécois.

    Rien ne sert de courir, il faut partir à point, comme le disait Félix Leclerc. Pourquoi se précipiter ainsi vers le développement du gaz de schiste? Les prix de l’énergie sont encore très bas. Selon les lois du marché, de l’offre et de la demande, si nous produisons plus d’énergie, les prix chuteront. Cela implique plus de gaspillage, mais cela veut également dire que nous vendrons notre gaz de schiste moins cher, ce qui implique moins de profits. En patientant d’avantage, on s’assurera de faire les choses de façon plus sécuritaire, avec les techniques de l’avenir, en générant plus de profit, tout en épargnant les gaspillages de notre société de sur-consommation effréné.

    Pourquoi donc aller si vite? Peut-être parce que les libéraux présentent qu’ils ne resteront pas longtemps au pouvoir et qu’ils ont intérêt à faire les choses rapidement pour que LEURS copins profitent de cette ressource comparable à l’Or Noir? Je ne serais pas surpris de voir la Ministre Normandeau quitter Jean Charest pour être embauchées par une compagnie oeuvrant dans ou près des ressources naturelles. Si cela revêt de la theorie du complot, la seule autre chose qui peut expliquer leur précipitation c’est qu’ils frémissent à l’idée que le peuple s’informe et s’implique?

    http://unionrevolte.blogspot.com

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