Dossier: Ces joueurs dont on s’ennuie

Le Canadien a vu quitter des soldats ou s’est départi, depuis trois ou quatre ans, de plusieurs joueurs qu’il avait repêchés et développés dans son organisation. Si certains d’entre eux ont quitté en profitant de leur statut de joueur autonome, comme Saku Koivu, Mike Komisarek, Michael Ryder ou Mark Streit, d’autres ont tout simplement été échangés alors que l’organisation ne voyait plus rien de bon en eux. Voyons un peu comment ils se sont comportés depuis leur départ.

La plupart de ces joueurs faisaient parti de l’avenir de l’équipe. La majorité d’entre eux ont remporté la coupe Calder avec les Bulldogs de Hamilton en 2007 avant de progresser ensemble vers la LNH.

Maxim Lapierre : Choix de 2e ronde du Canadien dans le très fort repêchage de 2003, Lapierre a offert trois belles saisons au Canadien. Après de fortes séries l’année dernière, Lapierre a débuté la saison tranquillement et on voyait bien que Jacques Martin avait de moins en moins confiance en lui. Un joueur rapide comme Lapierre savait se rendre utile en désavantage numérique, mais Martin préférait le jeu de Tom Pyatt, de Travis Moen et de Brian Gionta dans ces occasions. En plus, Lapierre avait tendance à être très indiscipliné. Lorsqu’il est devenu évident que David Desharnais méritait une chance dans la LNH, Lapierre a été échangé aux Ducks et je crois que ce fût la bonne décision. Desharnais a connu une belle demi-saison avec le Tricolore, alors que Lapierre en a arraché en Californie, tellement que les Ducks l’ont déjà expédié sous d’autres cieux (il s’aligne avec Vancouver maintenant). Des joueurs comme Lapierre sont facilement remplaçables. Ryan White apporte sensiblement les mêmes atouts à l’équipe. C’est juste dommage de voir un autre Québécois quitter l’organisation.

Ryan O’Byrne : Le grand défenseur était victime du nombre à Montréal. Déjà septième dans la hiérarchie même avec Markov blessé, O’Byrne méritait la chance de repartir à zéro ailleurs et c’est ce qu’il a fait au Colorado. Après un fort début là-bas, les choses se sont un peu calmées pour lui, mais il demeure un bon défenseur de grand format, en plus d’être droitier. Si le Canadien ne l’avait pas échangé, nous n’aurions pas eu à acquérir des Brent Sopel ou Paul Mara ou à utiliser des joueurs trop verts comme Brendon Nash. Mais les dirigeants ne pouvaient pas prévoir cela en novembre. C’est bien tant mieux s’il a pu relancer sa carrière ailleurs. Le Canadien devra trouver un autre grand défenseur droitier et robuste pour le remplacer dans l’organisation. Il s’agit peut-être de Joe Stejskal, un espoir américain récemment mis sous contrat. Rappelons que O’Byrne a été échangé pour le jeune joueur Michael Bournival.

Jaroslav Halak : Halak évolue pour une autre équipe depuis près d’un an mais on parle plus souvent de lui que certains de nos propres joueurs. Après des débuts fracassants à St-Louis, les blessures qui ont affecté les joueurs clés de l’équipe ont fini par nuire à la fiche des Blues et aux statistiques personnelles d’Halak. Il demeure néanmoins un très bon gardien, comme en font part ses chiffres depuis son retour au jeu avec une équipe hors de la course pour les séries depuis des lunes. Le fait que Carey Price se lève de la sorte cette saison rend son départ moins dramatique que prévu, et en plus Lars Eller, le joueur acquis en retour, a connu une saison intéressante avec un temps de glace plus que limité. Un bon coup de Pierre Gauthier dans les circonstances.

Sergei Kostitsyn : Le meilleur client des bars du boulevard St-Laurent n’a apparemment pas les mêmes distractions dans la capitale du country, à Nashville. Kostitsyn connaît une superbe saison avec près de 50 points, un nombre plus élevé que les totaux de son frère Andrei. Il contribue grandement aux succès des Predators en évoluant en avantage et désavantage numérique. C’est dommage d’avoir reçu si peu en retour d’un tel talent (Dustin Boyd, qui a moisi à Hamilton tout l’hiver après une quinzaine de parties avec le Canadien) mais Kostitsyn, en raison de sa réputation de loose canon, n’avait aucune réelle valeur. Il devait partir pour son bien et celui du Canadien.

Guillaume Latendresse : Benoit Pouliot, obtenu en retour de Guillaume Latendresse l’an dernier, a autant de buts que ce dernier depuis 20 matchs. Un gros zéro. Le problème, c’est que Latendresse ne joue presque pas en raison d’une blessure. Après une belle saison l’an dernier avec le Wild, Latendresse a connu une saison misérable écourtée par les blessures cette saison. Il est l’exemple parfait du joueur qu’on échange parce qu’on a abandonné dans son cas. Il n’était pas un troublemaker, il jouait encore sur un trio régulier et il avait offert trois saisons de 15 buts et plus à ses premières saisons à l’âge de 19, 20 et 21 ans. Je lui souhaite de revenir en force l’an prochain. On regrette un peu son départ, mais Pouliot apporte sensiblement la même chose que lui. Quatre trente sous pour une piasse, comme on dit.

Kyle Chipchura : On nous le présentait comme un grand leader, un future Mark Messier. Il n’a jamais fait la différence à Montréal et sa carrière se limitera toujours à un rôle de 12e ou 13e attaquant dans la LNH. Pas beaucoup de talent, pas beaucoup de vitesse, mais du cœur et de la détermination. Il est parti de Montréal sans bruit et on n’oublie facilement qu’il fût un choix de première ronde en 2004. Régulièrement laissé de côté à Anaheim, sa carrière dans la LNH ne sera pas très longue.

Chris Higgins : Après des débuts intéressants dans la LNH à Montréal, Higgins est devenu lui aussi une vedette des bars de la Main et ses performances en ont souffert. Échangé aux Rangers dans la transaction de Scott Gomez, Higgins a depuis joué avec les Flames, les Panthers et les Canucks également. Sa carrière est en déclin et je doute qu’il redevienne le marqueur de 25 buts qu’il était avec le Canadien. Pas une grosse perte pour l’organisation.

Mikhail Grabovski: Un autre joueur qui traînait une mauvaise réputation à Montréal. Décidément, nous en avions plusieurs. Marabout et rebelle, il avait volontairement retardé le vol de l’équipe pour protester contre son temps d’utilisation. C’est pas mal plus efficace que des pancartes dans la rue comme geste ! Il s’est retrouvé à Toronto l’été suivant et alors que tous croyaient qu’il n’y ferait pas long feu, il a obtenu près de 30 buts cette saison. Mais Grabovski est un autre centre de petit gabarit. Nous avions Koivu et Plekanec. Nous avons actuellement Plekanec avec Gomez. Ceux qui disent : « nous n’aurions pas dû le laisser partir, il serait utile avec le Canadien ». La réponse : non. Il n’y aurait pas de place pour lui.

Greg Stewart : À ses débuts à Montréal, Stewart démontrait des choses intéressantes. Costaud et assez agile sur patins, il avait le profil d’être un bon joueur de 4e trio pouvant marquer quelques buts et se battre une quinzaine de fois par saison. Toutefois, après avoir eu une séquence de cinq parties avec une bagarre, il a cessé de se battre, peut-être était-il blessé, mais il est devenu totalement inutile à ce moment et sa carrière avec le Canadien achevait. Après avoir joué quelques matchs en début de saison l’année dernière, il a fini la saison dans l’organisation des Thrashers. Il vient de passer la saison entière avec le club école des Oilers d’Edmonton et nous ne devrions pas le revoir dans la LNH.

Ben Maxwell : Le dernier à avoir levé les pattes de Montréal, Maxwell avait été dépassé dans la hiérarchie par Desharnais et Eller, et même par Pyatt qui est un centre du même genre nettement plus rapide. Il avait été repêché en 2e ronde en 2006, un rang devant Milan Lucic, qui jouait dans la même ligue que lui dans l’ouest canadien. Quand on parle ici de mauvaise évaluation…J’avais prédis l’an dernier que Maxwell était mieux de ne pas ranger ses manuels scolaires trop loin dans son placard car il ne jouerait pas 100 matchs dans la LNH. Je maintiens cette prédiction.

Le seul que dont je regrette vraiment le départ

Aucun de ses joueurs n’aurait vraiment sa place avec le Canadien sur des trios qui pourraient les mettre en évidence. Des joueurs meilleurs occupent la place qu’ils pourraient, eux, occuper. Ils sont tous mieux sous d’autres cieux. Mais il en reste un dernier. Le seul dont je regrette le départ, malgré le fait qu’il était mon souffre-douleur personnel à ses derniers moments avec le Tricolore. Je ne l’avais pas oublié. Je le gardais pour le dessert. Il s’agit de Matt D’Agostini.

D’Agostini a été échangé il y a tout juste un an aux Blues en retour d’Aaron Palushaj, un joueur semblable, en apparence un peu moins bon, qui était deux ans en retard sur D’Agostini dans son développement (il est deux ans plus jeune, c’est normal). D’Agostini a marqué 22 buts cette saison à St-Louis.

Je trouve que le Canadien a été impatient avec lui. C’est un joueur rapide et costaud, en plus d’être droitier. C’est surtout parce qu’il est un ailier droit naturel que je regrette son départ. Il est le seul parmi cette liste qui en soit un, en passant. Le Canadien a utilisé Moen, Halpern, White (un centre à Hamilton) à droite toute la saison parce qu’on manquait d’ailiers droit naturels derrière Gionta et Kostitsyn (qui est gaucher mais qui préfère jouer à droite). Le Canadien est bien nanti à gauche; Cammalleri, Pacioretty, Pouliot forment un bon top 3 et Moen, Darche et Pyatt complètent bien mais du côté droit, c’est très faible et on a vu que Palushaj ne sera pas dans les plans à long terme. D’Agostini aurait été parfait dans le rôle de 3e ailier droit du Canadien. Voilà pourquoi je crois que le Canadien aurait pu être plus patient, d’autant plus que parmi les autres jeunes à Hamilton et dans les mineures, on ne retrouve pas vraiment d’ailier droit naturel de ce statut, à l’exception de Danny Kristo, qui semble loin de la LNH.

Mais bon, c’est comme ça dans la LNH, des fois on fait de mauvaises évaluations, et d’autres fois on profite des mauvaises évaluations des autres. Josh Gorges a été un cadeau des Sharks il y a quelques années. Je suis sûr que Pierre Gauthier saura, l’été prochain, combler ce petit vide du côté droit.

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