Dossier: Ces joueurs dont on s’ennuie

Le Canadien a vu quitter des soldats ou s’est départi, depuis trois ou quatre ans, de plusieurs joueurs qu’il avait repêchés et développés dans son organisation. Si certains d’entre eux ont quitté en profitant de leur statut de joueur autonome, comme Saku Koivu, Mike Komisarek, Michael Ryder ou Mark Streit, d’autres ont tout simplement été échangés alors que l’organisation ne voyait plus rien de bon en eux. Voyons un peu comment ils se sont comportés depuis leur départ. Lire la suite

C’est quoi le problème avec Pierre Gauthier?

Plusieurs se posent cette même question. Plusieurs amateurs, sur plusieurs tribunes. On en est presque rendus à exiger (ou même supplier) le retour de Bob Gainey dans ses fonctions. J’avais légèrement évoqué la question lors d’un récent article et je réitère aujourd’hui. Analysons un peu le travail de Pierre Gauthier à la tête du Canadien jusqu’à maintenant.

C’est un directeur général actif. Il a fait plus de transactions en 6 mois en poste que Gainey pouvait en faire en 12 ou 18. Il a tout d’abord acquis Dominic Moore des Panthers, cédant en retour un choix de 2e ronde en 2011. Si, au départ, je dois admettre que j’ai été très perplexe sur la qualité du pacte, je dois admettre que Moore a été très utile à l’équipe durant les séries et qu’il a valu pleinement le choix cédé en retour, d’autant plus que nous en avons obtenu un gratis de la LNH en vertu d’un règlement concernant les choix de 1ere ronde non signés (le CH n’a pas offert de contrat à son premier choix de 2006, David Fischer, ce qui donne à l’équipe un choix de 2e ronde compensatoire en 2011). Toutefois, le fait de ne pas garder Moore, surtout au salaire qu’il va faire dans sa nouvelle équipe (Tampa Bay, tiens, tiens), est une erreur qui vient un peu ternir le bon coup initial. Comme troisième joueur de centre, Moore accomplissait un travail adéquat, qui aurait pleinement valu son investissement.

Gauthier a ensuite resigné Tomas Plekanec, qui allait devenir libre comme l’air le 1er juillet. On lui a fait apposer sa signature au bas d’un contrat de 30 millions pour 6 ans. Malheureusement pour l’équipe, Gauthier n’avait pas le choix. Plekanec avait obtenu une saison du tonnerre, et il avait un pouvoir de négociation solide par le fait que la relève au centre est inexistante dans l’organisation et aussi par le fait que le marché n’offrait pas de meilleurs joueurs de centre que Plekanec. C’était le prix à payer pour signer Plekanec à long terme, racheter son autonomie et le garder dans l’alignement. C’est un joueur très utile, et dans les circonstances, Gauthier a fait une bonne affaire.

Troisièmement, le nouveau DG de l’équipe a échangé le sac de problèmes du CH, Sergei Kostitsyn, en retour de Dan Ellis, qui ne fut pas signé, et Dustin Boyd, qui lui fut signé pour un an au salaire minimum. Dans les circonstances, c’est un très bon coup, peut-être son meilleur geste depuis qu’il est en poste. Sergei Kostitsyn jouait sur les 3e et 4e trio, malgré un talent naturel évident, puisqu’il ne fournissait pas un effort constant, combiné à une indiscipline et une immaturité hors-glace. Dans les mêmes trios, Dustin Boyd fera un meilleur travail, sans être une distraction, et pour un peu moins cher. Pour ce geste, chapeau.

Avant de parler des deux derniers gestes, que je veux garder pour le dessert, mentionnons qu’il a aussi échangé Matt D’Agostini aux Blues pour Aaron Palushaj et qu’il a signé les joueurs autonomes Alex Auld et Alexandre Picard. Il a fait le ménage dans certains postes administratifs et au niveau du recrutement, en plus de signer quelques joueurs autonomes d’âge junior.

Au début de l’été, Gauthier a échangé le gardien numéro un, héros des séries et favori de la foule Jaroslav Halak aux Blues pour Lars Eller et un jeune joueur qui ne jouera sûrement jamais dans la LNH, Ian Schultz. Eller est un bon jeune, qui devrait aider le Canadien dès cette saison, mais jamais de la même façon que Halak a contribué aux succès de l’équipe. Plusieurs « Si » peuvent entrer en ligne de compte: si Price devient une vedette, si Eller est très productif, si Halak se plante à St.Louis…ça sera à découvrir dès octobre. Toutefois, même si, au départ, je trouvais que c’était un échange pas si mal, je me dis maintenant que c’était le pire geste à faire au moment où il a été fait. D’abord, si les Blues voulaient vraiment un gardien numéro un, nous aurions pu exiger un joueur établi dans la LNH, qui a fait ses preuves. Ceci nous assure une certaine garantie, et ils payent ainsi un prix respectable pour obtenir leur gardien, la pièce maîtresse de tout alignement. On peut penser ici au Québécois David Perron. De plus, on a offert à Carey Price un pouvoir de négociation immense, car, toujours sans contrat, il devenait le seul gardien potable de l’équipe. Le CH est si mal pris que Price pourrait rester chez lui comme bon lui semble, tant et aussi longtemps que le Canadien ne lui aura pas donné le cash qu’il désire. Il le sait. Son agent le sait. Les fans le savent. J’ose espérer que, rendu en août, et toujours sans aucune entente signée, Pierre Gauthier est aussi au courant. Lundi soir, le directeur général n’a pas semblé s’aider en échangeant le gardien (sous contrat) Cédrick Desjardins à Tampa Bay pour Karri Ramo, un Finlandais ayant un contrat en Russie. On offre donc à Price un autre argument, puisque le Canadien vient de perdre un autre gardien sous contrat. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a qu’Alex Auld, Curtis Sanford et Robert Mayer sous contrat. Comprenez-vous pourquoi Price prend tout son temps? Si le Canadien avait offert un contrat à Price AVANT d’échanger Halak, nous aurions pu avoir un gardien numéro un à prix rabais, et avoir ainsi assez d’argent pour signer d’autres munitions, comme Dominic Moore.

En plus, en échangeant Desjardins, le Canadien perd un autre francophone. Lorsque le camp s’ouvrira en septembre, outre les joueurs d’âge junior qui quitteront rapidement Brossard, il n’y aura que Maxim Lapierre, Benoît Pouliot, Mathieu Darche, Alexandre Picard, Mathieu Carle, David Desharnais et Olivier Fortier comme francophones dans l’équipe, et seuls les deux premiers sont assurés de faire partie de la formation. Il n’y a pas si longtemps, il y avait plusieurs francophones dans l’équipe, et on avait de bonnes performances. Le Canadien n’a jamais eu aussi peu de francophones depuis l’époque « pré-Maurice Richard ». On n’est pas loin du boycott. Je ne suis pas de ceux qui exigeront tous les ans une présence francophone importante, car je préfère nettement avoir une bonne équipe compétitive sur la glace plutôt que plusieurs francos, mais de là à en avoir si peu, c’est dérangeant. Car Gauthier, depuis qu’il est en poste, n’en a amené qu’un seul, Alex Picard. Bergeron, Desjardins et Laraque sont partis. On peut bien dire ce qu’on veut de Gainey, c’est lui qui a amené à Montréal les Dandenault, Laraque, Brisebois, Bégin, Latendresse, Pouliot, Lapierre, Bergeron, Desjardins, Darche et autres francos qui ont fait partie de l’équipe ces dernières années. Il a fait son effort. Il avait, de plus, engagé un québécois, Guy Boucher (maintenant entraîneur du Lightning) comme entraîneur à Hamilton. Gauthier a opté pour un ami, Randy Cunneyworth. Une belle occasion manquée d’aller puiser dans le talent québécois.

Price sans contrat. Une présence francophone minable. Une gestion à la petite semaine. Une formation presque identique à celle du printemps dernier. Plusieurs équipes se sont améliorées cet été, mais pas le Canadien. Coudonc, c’est quoi le problème avec Pierre Gauthier?