La recette ratée de Jean Charest

Je n’ai pas le choix, je dois absolument parler du remaniement ministériel du gouvernement du Québec. Jean Charest a fait ses choix. Il reste donc à faire les analyses.

Le remaniement ministériel d’aujourd’hui est annoncé depuis plusieurs mois. Durant tout l’été, le premier ministre Jean Charest a donc pu réfléchir à l’avenir de ses ministres en place et de l’alignement qu’il allait présenter aux québécois afin regagner leur confiance, perdue au fil des houleux mois d’hiver qui ont coût cher au Parti libéral.

Avec deux sièges vacants depuis longtemps au Conseil des ministres, ceux de Tony Tomassi et de David Whissell, de même que ceux de Jacques Dupuis, qui quitte la politique en abandonnant ses titres de ministre de la sécurité publique et de leader parlementaire, Jean Charest avait de bons ingrédients pour renverser la vapeur dans son gouvernement. Chose qui, comme on le sait tous aujourd’hui, pourrait ne pas arriver dû à l’entêtement du premier ministre à conserver son équipe intacte et la modifier sur un air de chaise musicale.

Soyons honnêtes, plusieurs ministres du cabinet ont fait leurs preuves en sept ans au pouvoir et ont démontré de belles compétences et aptitudes afin de posséder l’un ou l’autre des portefeuilles du Conseil des ministres. Pensons ici à Line Beauchamp, Claude Béchard, Raymond Bachand et Sam Hamad, qui ont peu à se reprocher depuis leur arrivée au pouvoir et qui ont effectué du travail honnête et efficace selon les tâches qui leur ont été demandées. On ne peut toutefois pas en dire autant de tous les ministres chouchous de Jean Charest, comme Julie Boulet, Norman MacMillan, Kathleen Weil et Michelle Courchesne, qui ont éprouvé énormément de difficultés ces derniers mois. Sans parler de Yves Bolduc, qui peine à prouver qu’il a toutes les aptitudes et les connaissances nécessaires pour diriger un ministère aussi important que celui de la santé et des services sociaux. L’occasion était donc belle pour le premier ministre de remplacer certains de ces ministres qui en ont arraché pour les remplacer par des députés qui sont considérés comme ministrables, tels que Pierre Moreau, Alain Paquet et Guy Ouellette. Or, le seul nouvel ingrédient du Conseil lors de la rentrée d’automne sera Jean-Marc Fournier, un revenant, qui prendra la place de Jacques Dupuis comme leader en chambre et qui s’occupera du portefeuille de la justice.

Si vous préparez une sauce à spaghetti, et que vous brassez de gauche à droite, puis subitement vous décidez de brasser de droite à gauche, la sauce va goûter exactement la même chose. Ou encore si, dans le protocole de la recette, on vous dit d’ajouter, dans l’ordre, le céleri, l’oignon, les carottes, les tomates et le bœuf haché mais que vous décidez d’y aller avec votre propre ordre, comme par exemple tomates, carottes, céleri, bœuf haché et oignon, la sauce risque quand même de goûter la même chose que la recette originale. C’est un peu le problème de Jean Charest ici. Les mêmes ministres dans des postes différents, pour la plupart. Si on analyse cela ainsi, les choses risquent de ne pas nettement s’améliorer au cours des prochains mois.

Le premier ministre avait l’occasion d’envoyer un message clair aux électeurs, un message disant que le gouvernement reconnaissait les erreurs commises dans les dernières semaines et qu’il allait s’arranger pour ne pas les répéter et être meilleur à l’avenir. Pour ce faire, la présence de quelques nouvelles têtes au Conseil des ministres, celles mentionnées plus haut ou encore d’autres députés, aurait ainsi contribué à introduire du sang neuf dans les processus décisionnels des différents ministères. Cela aurait été un geste respectueux envers un électorat qui s’est grandement plaint de la pauvre qualité de la recette initiale.